Mis en ligne par Ignace de Witte le 4 mars 2016
Si quelqu’un m’avait dit il y a 5 ans que les gens allaient se remettre à acheter des 4x4 essence, je lui aurais répondu avec un mouvement circulaire de mon index sur la tempe! Et pourtant, c’est le pari que le nouveau Suzuki Vitara est en train de remporter: à peine les roues posées sur l’île, il s’arrache comme des macatias chez Loulou un dimanche matin !
Les plus anciens se souviennent du Suzuki Samouraï: un 4x4 aussi rustique qu’un Jeep Wrangler ou un Land Rover Defender mais en miniature, animé par un 1000cc ou un 1300cc essence. Il était disponible en version tôlée ou bâchée, en carrosserie courte ou rallongée, mais toujours avec seulement deux portes. Hélas, la hausse du prix des carburants, les lois anti pollution de plus en plus sévères et le souhait d’une majorité de la clientèle de voyager plus confortablement ont eu raison du Samouraï, qui a été retiré de la gamme et remplacé par le Jimmy. Mais celui-ci n’a jamais vraiment réussi à remplacer le Samouraï dans les cœurs.
Ce background historique explique aujourd’hui pourquoi le nouveau Suzuki Vitara est tel qu’il est. Tout d’abord, il n’est dorénavant disponible qu’en version 5 portes, ceci pour lui donner plus de volume et ainsi attirer une clientèle plus masculine, plus familiale (Toyota a fait la même chose avec son Rav4). Ensuite, le nouveau Vitara est disponible en version 4 roues motrices mais aussi 2 roues motrices (traction avant), pour satisfaire un public qui ne fera jamais de tout terrain mais cherche simplement un look de SUV et l’habitabilité qu’offre ce type de véhicule.
Photos © vroum.info
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Mais le plus surprenant c’est que le nouveau Vitara est proposé avec un moteur 1,6 litre développant 120 chevaux diesel ou… essence! Commercialiser des 4x4 essence c’est quand même un choix audacieux. Mais cela s’explique parfaitement. C’est la réponse de Suzuki à plusieurs phénomènes de société. Tout d’abord, l’OMS (Organisation mondiale de la santé) a établi que le diesel était cancérigène. Le public a parfaitement entendu ce message.
Ensuite, les pouvoirs publics ont réagi en annonçant qu’ils allaient diminuer le différentiel de taxation entre l’essence et le diesel pour que la fiscalité soit plus en relation avec la nocivité. Enfin, le scandale du logiciel de fraude utilisé par Volkswagen pour diminuer les émissions nocives lors des tests d’homologation a fini d’enfoncer le clou: non seulement le diesel est mauvais pour la santé mais les chiffres réels sont bien au delà des chiffres annoncés par certains constructeurs.
Le diesel n’est pas encore mort mais le public fait maintenant les yeux doux aux moteurs à essence, qui ont en outre accompli d’énormes progrès ces dernières années pour maîtriser leur consommation. Sans oublier qu’un moteur essence apporte toujours plus de plaisir à la conduite, il faut juste se rappeler qu’il a besoin de prendre des tours pour s’exprimer. Concrètement, si un diesel se conduit entre 2000 et 4000 tours/minute, c’est à partir de 4000 tours/minute seulement qu’un moteur essence devient amusant.
On compense le fait que la plage d’utilisation d’un moteur diesel est plus réduite que celle d’un moteur essence par une boîte de vitesses adaptée: 6 rapports pour le diesel, alors que le bloc essence se contente de 5 rapports. On notera que le moteur essence du Vitara développe 120 chevaux sans aucun turbo, ce qui lui assure une montée dans les tours rapide et progressive dès le régime de ralenti. Le bloc diesel a lui besoin d’un turbo pour développer ses 120 chevaux.
Le moteur essence a d’autres avantages: simplification mécanique, donc plus de fiabilité, un gain de poids significatif (247 kilos), qui confère au Vitara essence un meilleur rapport poids/puissance et également un coût de fabrication plus bas. C’est ainsi que le nouveau Vitara est proposé par Cotrans au prix incroyable de 19.990 € (version 2 roues motrices, finition entrée de gamme, tarif de lancement), soit le prix d’un Dacia Duster!
Évidemment, à ce prix là, on a des jantes en acier avec des enjoliveurs et on ne dispose pas de tous les équipements de confort (sièges en alcantara, phares xénon, feux à leds, caméra de recul, GPS, etc.) mais la dotation de base est correcte et comprend notamment la climatisation. Avec un tel prix de départ, cela devrait faire réfléchir ceux qui ne jurent encore que par le diesel, qui est lui proposé à partir de 29.000 €. Ah oui, un dernier détail : le nouveau Vitara est construit en Hongrie, donc en Europe.