Mis en ligne par Ignace de Witte le 8 août 2017 (dernière modification le 22 février 2023)
Lorsque nous sommes arrivés sur l’île en 1989, il y avait plein de Mini Moke à Saint-Gilles, qui est le Saint-Tropez de La Réunion (sans Brigitte Bardot). Hélas, ces sympathiques voitures de plage ont peu à peu disparu du paysage réunionnais, nous n’en connaissons que 4 exemplaires encore en circulation sur l’île (deux vertes, une bleue et une jaune). Mais la production ayant repris, elles pourraient faire un «come-back» !
La Mini Moke a été dessinée par Sir Alec Issigonis, le père de la Mini, pour répondre à une commande spéciale de l’armée anglaise d’un véhicule simple comme la Jeep américaine mais plus léger et pouvant être parachuté. Elle s’appelle Mini Moke parce qu’elle reprend motorisation, transmission et suspension de la Mini, et Moke est un mot argot pour désigner une mule (l’animal mais aussi l’entêté).
Mais les militaires de sa gracieuse majesté étaient très déçus par ses aptitudes en tout-terrain (de la Mini Moke, pas d’Élisabeth II). À l’origine, la Mini Moke avait en effet un moteur de 848 cc, les roues de 10 pouces de la Mini et ce n’était pas un 4x4 mais une traction avant ! Par contre, comme voiture de plage elle est géniale et dès 1963, BMC (British Motor Corporation) basé à Birmingham a produit des Mini Moke pour le marché civil. Son 4 cylindres essence a suivi l’évolution de la Mini et est passé au fil des ans de 848 cc à 1275 cc.
La Mini Moke est vite devenue une icône des années soixantes (golden sixties). Jacques Dutronc la cite dans sa chanson «Mini-mini-mini», on la voit au petit écran dans les séries The Avengers (Chapeau Melon et Bottes de Cuir) et Le Prisonnier (avec Patrick Mc Goohan, «Bonjour chez vous») et elle fait des apparitions remarquées au cinéma, notameant dans les films «Fantomas se déchaîne» avec Louis de Funès et le James Bond «Vivre et laisser mourir» (1973 avec Roger Moore), dont nous avons le plaisir de vous offrir ce court extrait :
La Mini Moke historique a été fabriquée par BMC ou ses mutations (British Leyland, Austin Morris, Rover group, etc.) en Angleterre, Australie, Afrique du Sud (Commonwealth) et finalement au Portugal, où BMC possédait une usine. En 1990, l’Italien Cagiva a racheté cette usine portugaise et le nom MOKE (pas le nom MINI) et en produira jusqu’en 1993. En 1995, Cagiva décide de transférer l’outil industriel en Italie, démonte l’usine mais la production italienne ne verra en fait jamais le jour… L’exemplaire ci-dessous qui roule à La Réunion en photo est de 1986 et son 4 cylindres délivre 39 chevaux.
Il reste, à notre connaissance, 4 exemplaires de vraie Mini Moke encore en circulation sur l’île (deux vertes, une bleue et une jaune), toutes appartenant à des collectionneurs. Cet exemplaire de 1986 par exemple était exposé à Motor Expo 2019.
Photos © vroum.info
(Cliquez sur les photos pour les agrandir)
La Moke a refait surface en 2017 en Grande-Bretagne avec la société Moke international qui a repris la marque et les droits commerciaux. Moke international, dirigée par Isobel Dando (ex Jaguar, Land-Rover et BMW), a lancé une version 1083 cc 4 cylindres essence à injection dévrant 67 ch et 93 Nm, avec des suspensions et un freinage revus et corrigés, une direction assistée et même l’option d’une boîte automatique.
Les voitures sont au départ assemblées en partie en France, avant qu’un accord soit conclu en 2021 avec l’entreprise anglaise Fablink pour relocaliser toute la production en Grande-Bretagne. Moke international a aujourd’hui abandonné la version thermique, au profit d’une seule version électrique, qui est distribuée en Grande-Bretagne, Australie, USA et dans toute l’Europe (grâce à un accord douanier entre la Grande-Bretagne et l’Union Européenne). En version 100% électrique, je crois qu’elle a ses chances, dans la catégorie des quadricycles lourds. Un exemplaire de e-Moke, blanc, roule d’ailleurs ici à La Réunion.
Ça c’est pour la vraie «Mini Moke», car à côté il existe une multitude de copies un peu partout dans le monde, exactement comme le buggy original du Californien Meyer Manx a été copié par tout le monde, notamment l’entreprise française SOVRA (SOciété de Vente et de Réparation Automobile) qui a produit l’excellent LM. Mais ceci est une autre histoire, que nous vous raconterons plus tard.
Tout ça pour dire qu’en France aussi certains s’intéressent au concept Mini Moke, et notamment un certain Luc Jaguelin, qui est à l’origine de la NoSmoke, qui est, à notre humble avis, une copie aussi convaincante que le buggy LM SOVRA est convainquant face à un vrai buggy Meyer Manx.
À suivre : la NoSmoke est importée à La Réunion et notre essai de La NoSmoke.