Mis en ligne par Ignace de Witte le 4 février 2008
Photos © vroum.info
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C’est le même bloc moteur que celui de la machine avec laquelle Stéphane Hamard participe cette année au 30e Paris-Dakar, donc c’est puissant mais c’est aussi très costaud. Par rapport à l’ancien modèle, le nouveau bloc délivre 12 chevaux de plus, soit 64 chevaux, et cela en restant très facile à contrôler. Entre 4000 et 7000 tours, cette machine vous propulse souplement d’un virage à l’autre, c’en est un véritable régal.
Le look coupé à la serpe est emblématique de la marque autrichienne, de même que le «bec de canard» à l’avant. La double sortie d’échappement, alors qu’il s’agit d’un monocylindre, rappelle le modèle développé pour le Paris-Dakar et dont Stéphane Hamard fait bon usage en ce moment même. La revue de détail confirme bien qu’il s’agit d’une moto à la vocation sportive, pour ne pas dire réservée à la compétition. Les leviers de frein et embrayage (hydrauliques) sont réglables. Les suspensions sont signées White Power, ce qui est normal puisque l’usine appartient à KTM. Malgré le débattement important (21cm à l’avant comme à l’arrière), la machine n’a pas de réaction malsaine lors de la transition freinage, prise d’angle, accélération.
Le bras oscillant est une magnifique pièce de fonderie, en aluminium extrudé. Les pneus d’origine n’ont peut-être pas le grip des slicks utilisés par Laurent Hoarau et Pascal Ravilly en championnat de super-motard mais ils sont homologués pour la route et ils permettent de bien prendre de l’angle en virage. Car l’univers de prédilection de cette KTM c’est les enchaînements de petits virages, où elle fait merveille. La moto pèse 152 kilos et elle se balance très facilement. La moto est propulsée par un tout nouveau bloc moteur, à injection électronique (une première pour KTM en ce qui concerne les monocylindres), bien secondé par une boîte à 6 rapports (contre 5 pour la 650 SM qu’elle remplace). Ah, une précision: le modèle s’appelle 690 mais sa cylindrée réelle est 653,7 cc. KTM a sans doute jugé que 690 faisait plus sexy…
En dessous de 3000 tours, la SM 690 vous rappelle qu’il s’agit d’un gromono: il faut souvent jouer de l’embrayage pour relancer la machine. Sa plage d’utilisation préférée est entre 4000 et 7000 tours.
Dans les mains d’un meilleur pilote que votre humble serviteur, nous sommes prêts à parier que c’est l’engin terrestre le plus rapide sur la route de la Montagne, celle de Cilaos, celle du Maïdo, etc. Dans les mains d’un pilote moyen, comme votre serviteur, c’est un engin très sûr car il autorise les changements de cap sur l’angle et pardonne les petites erreurs de pilotage. On est aidé en cela par un système électronique d’ouverture des gaz (EPT Electronic Power Control), qui évite les à-coups de transmission, et un système d’embrayage spécial, antidribble, très efficace au rétrogradage. Question freinage, une pince Brembo 4 pistons et un disque de 320 mm à l’avant et une pince Brembo à 2 pistons et un disque de 240 mm à l’arrière garantissent des freinages de légende.
Sur chaussée dégradée (nid de poule, gendarmes couchés, etc), c’est-à-dire la majorité du réseau routier de l’île de La Réunion, cette KTM est très confortable, en tous cas en ce qui concerne la suspension, car en ce qui concerne la selle, son rembourrage est conforme à sa vocation sportive: plutôt dur!
Un petit mot de la démultiplication finale: en utilisation normale, c’est-à-dire en respectant les limitations de vitesse, elle semble un peu longue puisque lorsqu’on accélère normalement, sans forcer, on atteint rapidement les 120 km/h en 4e, alors qu’il reste encore deux rapports à monter… Stéphane Hamard confirme: à fond de 6 (sur circuit ou sur piste), la SM 690 atteint facilement les 200 km/h.
Bon, reste à savoir si c’est une moto utilisable au quotidien. Que ceux qui ont le portefeuille assez étoffé pour s’offrir la KTM 690 SM comme bécane de tous les jours se rassurent: ils ne vont pas expérimenter une autre signification de l’abréviation SM! la KTM 690 SM n’est sûrement pas un trail à tout faire comme une Honda Transalp mais c’est une moto parfaitement utilisable au quotidien, surtout si on fait essentiellement de la ville ou des petites routes en solo. Le duo est toutefois possible et on peut même envisager de longs trajets (au sens réunionnais du terme) sans crainte. Le «bec de canard» s’avère être un saute-vent particulièrement efficace, pas au point de pouvoir rouler sans lunettes comme certains , hein Stéphane, , mais presque. Le seul vrai défaut de cette machine, peut-être, c’est que c’est une moto avec laquelle on ne résiste pas à l’envie d’ouvrir en grand, tellement c’est facile et jubilatoire. Le prix du bonheur: 9970 € TTC.