Mis en ligne par Ignace de Witte le 4 avril 2008
Photos © vroum.info
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Trop longtemps, il fallait choisir entre le 4x4 de ville, confortable mais aux capacités tout-terrain limitées, et le 4x4 des champs, capable de grimper aux arbres mais pas pratique en usage quotidien. La Jeep Unlimited réconcilie tout le monde, en proposant de réelles aptitudes en tout-terrain (sans lesquelles une Jeep ne serait plus une Jeep) et des prestations routières très convenables, pour cinq personnes, grâce à un allongement de l’empattement, qui permet non seulement de caser quatre portières mais également un coffre enfin digne de ce nom. En plus, l’Unlimited est proposée avec un diesel de 177 chevaux, et avec l’euro fort par rapport au dollar, son prix est très compétitif.
À Questions pour un Champion on entendrait: « Des phares ronds, une calandre à sept fentes verticales, les charnières de capot moteur et de portières apparentes, je suis, je suis… une Jeep bien sûr!» Son look est indémodable, reconnaissable entre 1000. Mais Jeep ne pouvait pas rester indéfiniment en marge de l’évolution de notre société. Aujourd’hui, ceux qui roulent en 4x4 ont un minimum d’exigences en termes de confort, pour pouvoir utiliser leur véhicule au quotidien. En effet, tout le monde n’a pas les moyens d’avoir deux voitures, une pour tous les jours et un 4x4 pour aller crapahuter le week-end. Fort de ce constat, Jeep a donc sorti une version «Unlimited» de sa Wrangler, dont les principales caractéristiques sont: un empattement et une longueur hors tout augmentés de 52 cm, quatre portières au lieu de deux et une motorisation diesel.
L’empattement plus long diminue légèrement «l’angle ventral», sinon, pour le reste, c’est un Wrangler, c’est-à-dire une référence indéniable dans le monde des 4x4 de franchissement. Les ailes avant ne sont plus en tôle avec une extension d’aile en plastique, mais totalement en plastique incassable, peintes couleur carrosserie en ce qui concerne l’Unlimited en finition Sahara de notre essai.
À ce propos, il faut signaler que le modèle essayé n’est pas un véhicule de démonstration prêté par l’importateur (Cotrans Automobiles) mais, exceptionnellement, le véhicule personnel d’un client, en l’occurence Reb Brochet, le patron d’Archirun, un archi passionné de Jeep, à qui nous avons promis de prendre le plus grand soin de son Unlimited. Cela ne nous a pas empêcher de vite comprendre à qui nous avions affaire: l’Unlimited est de toute évidence de la race des baroudeurs et les quelques concessions à l’utilisation quotidienne n’ont pas été faites au détriment des «fondamentaux» comme disent les sportifs. Car, si au dessus, on a des vitres électriques, une chouette sono, une banquette arrière qui accueille correctement trois adultes, un vaste coffre, la clim, etc. en dessous, on a bien deux ponts rigides, des suspensions à grand débattement et un châssis échelle, le tout, indestructible de chez indestructible. Il suffit de se mettre à genou et regarder sous la voiture: c’est pas une voiture, c’est un tank!
Autre «signe des temps», l’Unlimited est livrée d’origine avec quelques aides électroniques à la conduite, notamment un ESP qui, avec les voies plus larges et l’empattement plus long, confèrent au véhicule une meilleure stabilité. Il y a aussi des systèmes électroniques qui font office de différentiel à glissement limité et une barre stabilisatrice avant «active».
Quant à la motorisation, on trouve sous le capot de l’Unlimited le 2,8 litres diesel du Cherokee. Ce 4 cylindres common rail (rampe commune), 16 soupapes, développe 177 chevaux, et il faut bien ça pour tracter les 2 tonnes de l’engin (soit environ 200 kilos de plus que le Wrangler 2 portes). Le moteur est musclé mais il a le souffle court, comme c’est le lot des diesel en règle général: il arrache à bas régime mais il a donné son maximum de puissance passé 3500 tours/minutes. Cela permet quand même, sur circuit, et avec un gros coeur, d’atteindre 180 km/h (donnée constructeur). En fait, sur route, l’Unlimited préfère cruiser à 110 km/h, qui est justement la vitesse maximum autorisée sur le réseau routier de la Réunion.
Le silence à bord est correct et la tenue de cap est parfaite. Ce n’est de toutes façons pas pour rouler vite sur route qu’on achète un Wrangler et, sur son terrain de prédilection, son moteur fait merveille, notamment grâce à son couple de tracteur (410 Nm entre 2000 et 2600 tours), bien secondé par une boîte de vitesses automatique qui est un régal. L’avantage de l’automatique, c’est qu’il est impossible de caler! Un petit levier à côté du levier de vitesses permet de choisir entre trois modes: 2 roues motrices (propulsion), 4 roues motrices H (high = long) et 4 roues motrices L (Low = court). Il ne faut pas longtemps pour comprendre que la bonne position est 2H (2 roues motrices), sur route et même en tout-terrain. C’est dans ce mode que la consommation est la plus basse et la direction la plus agréable. Il n’y a vraiment qu’en cas d’adhérence précaire (bourbier) qu’on optera pour les 4 roues motrices. En plus, l’ESP ne fonctionne apparemment qu’en mode 2 roues motrices (à vérifier) …
La vie à bord de cette Jeep est agréable en toutes circonstances, c’est un moment d’évasion perpétuel, surtout avec les panneaux supérieurs du hard top retirés. Et s’il survient une averse, comme ce fut le cas lors de l’essai, quelques secondes suffisent pour les remettre en place et rouler au sec. C’est une voiture à laquelle on pardonne les petits défauts de ses qualités, bref, c’est une voiture avec une vraie personnalité, pas un produit aseptisé.