Mis en ligne par Ignace de Witte le 4 mai 2016
Photos © vroum.info
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Iveco est une marque née en 1975 de la volonté d’industriels italiens, français et allemands, de répondre à leurs besoins spécifiques de véhicules utilitaires. Depuis, la marque s’est imposée à travers le monde entier et est présente dans plus de 100 pays.
Iveco est importée à La Réunion par Bamytrucks (groupe Hayot), qui vient de présenter à la presse son dernier né, l’Eurocargo, 19 tonnes, élu «Truck of the year 2016», en raison principalement de sa technologie antipollution d’avant garde, sans EGR.
Dans le monde automobile, la nouveauté est parfois purement esthétique, voire cosmétique. Chez les routiers, on est plus terre à terre et ce qui compte, c’est avant tout le «coût global de détention*», qui représente entre 80 et 85% du coût de fonctionnement d’un camion. Les nouveautés sont donc toujours technologiques car seule la technologie permet d’agir à ce niveau.
Transporter plusieurs tonnes de marchandises par la route nécessite un châssis solide mais surtout un moteur puissant. L’Eurocargo développe, selon les versions, entre 160 et 320 chevaux, comme notre camion d’essai, qui avait également la chance d’être équipé d’une boîte de vitesses automatique à 12 rapports dont l’onctuosité a de quoi rendre jalouses les plus belles berlines allemandes! Sinon, l’Eurocargo est également disponible avec une boîte manuelle ou une boîte robotisée.
On peut également choisir entre différents rapports de pont (démultiplication finale), pour adapter parfaitement le véhicule à son utilisation (littoral ou montagne), un luxe que les automobilistes rêveraient de se voir proposer!
Ainsi que l’expliquent Mehdi Berrekama, directeur général, et Pascal Chane-Waï, directeur commercial, l’Eurocargo est «Le véhicule de la gamme moyenne le plus polyvalent du marché, avec plus de 11.000 versions disponibles», compte tenu du choix des moteurs, des boîtes de vitesses, des ponts, des cabines, des empattements, etc. Donc, si vous ne trouvez pas votre bonheur, c’est qu’il n’existe pas!
En métropole, les camions roulent énormément, en moyenne 140.000 km par an. À La Réunion, le kilométrage est beaucoup plus faible (certains disent 35.000 km par an, soit un quart), en raison de l’activité économique faible. C’est confirmé par le fait que le chantier de la NRL (Nouvelle route du littoral) n’a pas entraîné un nombre important de commandes de camions neufs, la plupart des entreprises possédant encore des camions en bon état achetés pour le chantier de la Route des Tamarins.
Le renouvellement du parc est donc plus lent à La Réunion qu’en métropole. Mais le marché est quand même important en valeur car les entreprises réunionnaises évoluent dans un environnement avec des contraintes spécifiques de relief et de réseau routier qui les obligent à se sur-équiper. Sans oublier les normes européennes! Car, contrairement aux îles voisines, ici à La Réunion, les véhicules doivent obéir aux normes anti-pollution fixées par l’Europe. L’Eurocargo est aux normes EuroVI.
IVECO, qui ne fait pas qu’assembler des camions mais est aussi un motoriste réputé (pionnier du turbo sur les poids-lourds), dans le domaine routier mais également maritime, a demandé à ses ingénieurs de concevoir LE moteur qui allait faire la différence avec la concurrence. Et cette différence, elle se situe à l’extérieur du bloc moteur: elle concerne le traitement des gaz d’échappement, qui est révolutionnaire et bien entendu breveté.
Sur la photo: Robin Gugliemacci, Valerie Garrido, Mehdi Berrekama (directeur général) et Pascal Chane-Waï (directeur commercial).
Deux mots de technique: pour satisfaire aux normes Euro IV, les constructeurs ont développé l’EGR (Exhaust gas recirculation), un dispositif qui capte une partie des gaz d’échappement et les ré-injecte dans la tubulure d’admission, et le FAP (Filtre à particules). Sur autoroute, ces deux dispositifs fonctionnent parfaitement.
Dans les embouteillages par contre, comme c’est hélas souvent le cas à La Réunion, il s’avère que ces deux dispositifs sont sources de pannes (comme sur les voitures particulières).Et puis, il y a la «régénération du FAP»: quand le filtre commence à saturer, l’électronique déclenche une phase de nettoyage, qui nécessite que le véhicule soit à l’arrêt mais le moteur tournant, pendant 45 à 70 minutes.
Sur l’Eurocargo, tout cela n’existe pas: plus d’EGR et le FAP est remplacé par un filtre de traitement des gaz d’échappement d’un type totalement nouveau baptisé Hi-SCR (Selectiv Catalyst Reduction). C’est l’énorme «bidon» en inox protégé par une tôle ajourée et situé sur le côté gauche du camion.
Il fonctionne en liaison avec un injecteur d’Adblue (urée+ eau), dont le réservoir est situé sur le côté droit du camion (consommation indicative: 5,5 litres pour 1500 km). Comme le Hi-SCR est une nouveauté, pour rassurer la clientèle, il est garanti 10 ans.
C’est efficace puisque l’Eurocargo ainsi équipé satisfait aux normes anti-pollution EuroVI. Et c’est intéressant pour le chef d’entreprise puisque l’Eurocargo consomme moins et qu’il n’y a plus cette perte de temps lors des phases de régénération. Cette nouvelle technologie sera progressivement étendue à toute la gamme IVECO.
L’EUROCARGO coûte 65.000 € (châssis-cabine).
Un petit essai routier nous a permis de vérifier le confort extraordinaire de la cabine, disponible en 3 places ou 2 places avec rangement central.
L’Eurocargo est équipé d’aides à la conduite digne d’une berline haut de gamme: alerte de franchissement de lignes, anti-collision, régulateur de vitesse adaptatif, etc.
*Le coût global de détention, en anglais TCO («Total cost of ownership») prend en compte: l’achat du véhicule, son financement, l’entretien, le carburant et sa valeur résiduelle. Le TCO représente 80 à 85% du coût de fonctionnement et c’est une donnée fondamentale de la gestion d’une flotte.