Mis en ligne par Ignace de Witte le 30 septembre 2022
Depuis le 1er septembre 2022, Total a mis en place une remise de 20 centimes d’€ par litre de carburant dans toutes ses stations-service, qui s’ajoute évidemment à la ristourne du gouvernement, mais pas à La Réunion.
Lors de son audition à l’Assemblée nationale mercredi 21 septembre, que nous avons suivie sur LCP (La Chaîne Parlementaire), Patrick Pouyanné, le PDG de Total, s’en est expliqué. L’intention de Total était d’appliquer les 20 centimes de ristourne partout en France, en métropole et en Outre-mer.
Malheureusement, en ce qui concerne La Réunion: «Le gouvernement nous a demandé de renoncer au rabais […] moi j’en suis désolé pour les consommateurs réunionnais […] Nous ne voulions pas être la cause de troubles à l’ordre public ». Et d’expliquer qu’en concertation avec le ministre délégué à l’Outre-mer et le préfet de La Réunion, il a renoncé à appliquer ici cette remise de 20 centimes, pour éviter une nouvelle «levée de boucliers» des gérants de stations-services (autres que Total).
Pour replacer dans le contexte: les compagnies pétrolières ont réalisé de super-profits suite à la hausse du prix des carburants et Total a mis en place cette remise de 20 ct pour partager un peu de ces super-profits avec les automobilistes. Total a budgetté cette mesure de «give-back»à hauteur de 500 M€ a indiqué Patrick Pouyanné.
Le commentaire de vroum.info: si Total peut offrir 20 centimes de remise, tous les pétroliers doivent pouvoir le faire, car tous ont profité de la hausse du prix des carburants.
Bien avant l’opération menée au niveau national par Total, au mois de février, Claude Payet, gérant de la station-service Engen Oasis au Port (Angle des rues Général de Gaulle et Rico Carpaye) a fait sensation en vendant le carburant 2 ou 3 centimes moins cher que le prix fixé par la préfecture.
C’est parfaitement légal puisque le préfet fixe un prix MAXIMUM, pour protéger les consommateurs, mais que rien n’interdit de vendre MOINS cher. N’empêche, la dernière fois qu’une station a osé briser ce tabou (il y a une vingtaine d’années), les tuyaux de ses pompes ont été coupés dans la nuit ! Là, le pétrolier Engen a exigé le respect du tarif maximal fixé par le préfet, ce à quoi le gérant a répondu en portant l’affaire devant la justice, pour préjudice commercial !
Deux stations-service à l’enseigne Total de Sainte-Marie et Saint-Benoît ont emboîté le pas quelques mois plus tard, avec comme argument qu’il leur est maintenant interdit de faire de la publicité sur les énergies fossiles et qu’il faut bien utilisé le budget communication prévu. Le blocage des camions Total à la sortie du dépôt de carburants de la part de certains gérants de station-services mécontents a hélas rapidement mis fin à l’opération, qui n’a duré que 4 jours.
Pour Gérard Lebon, président du SRESS (Syndicat réunionnais des exploitants de stations-service), toutes ces opérations sont une fausse bonne idée car elles vont inciter les pétroliers à se lancer dans une guerre des prix dont on connait d’avance le résultat: le licenciement du «personnel de piste», soit 1700 emplois sur l’île. Et ça, c’est vrai que ce serait vraiment dommage.
L’extrait de l’audition du PDG de Total concernant La Réunion (sur Twitter).