Mis en ligne par rédaction le 19 octobre 2022
Érika Vélio est originaire de la Plaine-Saint-Paul (les racines). Petite, elle adorait regarder son père travailler (il est mécanicien) et elle a suivi en toute logique une filière scientifique. Elle a un double Master, en chimie moléculaire (Montpellier) et en chimie des matériaux (Toulouse III). Mais son truc, ce n’est pas les microscopes et les tubes à essais, c’est plutôt les télescopes et les fusées, elle participe ainsi aujourd’hui comme ingénieur à un programme spatial international (les ailes).
Son CV comporte des noms prestigieux: Hispano-Suiza (pas la marque automobile espagnole, la filiale de Safran), CNES (Centre national d’études spatiales), Arianespace, Airbus Defense and Space Netherland. Elle est d’ailleurs actuellement aux Pays-Bas, où elle travaille sur le programme Artémis : «C’est le jumeau d’Apollo dans la mythologie. Ce programme consiste à construire une base lunaire, à partir de laquelle il sera plus facile de lancer plus tard des missions vers mars». Donald Trump a donné son feu vert pour ce projet quand il était encore à la Maison Blanche. Ça c’est l’objectif à long terme, à court terme la fusée Orion va effectuer un 1er vol à vide autour de la lune, pour valider tous les calculs, avant de faire un vol avec 4 personnes à bord, (1 pilote, 1 co-pilote et 2 passagers) qui procèderons à un alunissage.
Érika Vélio n’a pas postulé pour être du voyage et ne sera donc pas la première femme à fouler le sol lunaire mais elle n’en est pas moins fière et passionnée de son travail «à terre»: Airbus Netherland travaille sur les panneaux solaires qui vont équiper le module européen de la fusée Orion, pour alimenter tous les appareils et les maintenir à bonne température.
C’est d’ailleurs cette passion qu’elle vient partager trois ou quatre fois par an sur son île natale, pour susciter des vocations auprès des jeunes réunionnais. Et quand ce n’est pas elle qui intervient dans les écoles, c’est un autre ingénieur réunionnais travaillant dans l’aérospatiale, car il y en a plusieurs. Elle a pour cela créé l’association PIKALI, qui est l’acronyme de «Pou Implémant la Kiltir Aérospatial Lokal et Innovant».
Photos © vroum.info
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L’association Pikali a aussi l’ambition de sensibiliser les politiques locaux: «Notre île bénéficie d’une situation géographique intéressante, à 12h de Cap Canaveral» . La Réunion peut donc «voir» (à l’aide de téléscopes et de radiotélescopes) toute la partie du ciel cachée aux américains et peut donc parfaitement développer sur l’île des activités liées au domaine spatial.
Pour aider cette association porteuse de valeurs qui lui ressemblent (esprit d’entreprise, enthousiasme, mise en avant du potentiel de l’île, promotion de la femme, famille) le groupe Caillé, et plus précisément JCA (Peugeot, DS et Opel) met à disposition de Pikali une DS4, qui ne va peut-être pas aussi vite qu’une fusée mais qui possède quand même des technologies issues de la recherche spatiale, comme par exemple le GPS !
Érika Vélio doit sa passion pour l’espace en grande partie à Guy Pignolet : «c’est mon mentor !». Les Réunionnais le connaissent bien: cet ingénieur retraité du CNES a envoyé dans l’espace une réplique du satellite Spoutnik réalisée par des élèves réunionnais, il a fait embarquer un letchis dans l’ISS (station spatiale internationale), il y est d’ailleurs toujours, et c’est lui qui est aussi à l’origine du monument en forme de «porte des étoiles» au milieu du rond-point sur le Boulevard Sud, qui représente en fait le système qui permet le verrouillage entre les modules américains et russes qui composent l’ISS, un symbole fort de la coopération possible entre les deux grandes puissances, un exemple sur lequel certains devraient d’ailleurs méditer, au lieu de nous pousser vers la 3e guerre mondiale (opinion personnelle).